LES TROUBLES ANXIEUX |
Les troubles anxieux représentent les syndromes cliniques les plus remaniés au sein des dernières versions des manuels diagnostiques des troubles mentaux. Tout au long de ces 15 dernières années, les différentes pathologies liées à l'anxiété ont peu à peu quitté le vaste champ conceptuel des névroses qui reposait sur des notions psychodynamiques.
Le terme de névrose a d'ailleurs été retiré des classifications cliniques en usage, afin de proposer des catégories diagnostiques possédant une meilleure validité sémiologique.
A. SYMPTOMATOLOGIE ANXIEUSE :
Symptômes psycho-comportementaux L'anxiété est une émotion désagréable qui se traduit par une sensation subjective de malaise, de tension interne.
Des travaux expérimentaux ont montré la courbe de la qualité des performances intellectuelles en fonction l'intensité de l'anxiété avait une forme de U inversé. Il semble exister- pour un individu devant réaliser une performance précise dans des conditions déterminées un niveau d'anxiété optimal, mobilisateur, voire créateur. Ainsi les performances sont altérées si l'anxiété est excessive, mais également lorsqu'elle est insuffisante. |
Symptômes somatiques Ils sont très variés et correspondent à un hyperfonctionnement du système nerveux autonome:
La présence de signes somatiques est constante lors des états anxieux. Ils sont même souvent au premier plan dans la plainte du patient, ce qui l'amène à consulter, plus souvent qu'un psychiatre, son médecin généraliste, le médecin de l'urgence ou un cardiologue. |
B. MODELE PSYCHOBIOLOGIQUE DE L'ANXIETE :
Vulnérabilité biologique : - dérèglement du système d'adaptation métabolique et respiratoire avec hypersensibilité à des modifications du CO2 et du pH (conséquence de l'hyper ventilation)
Trouble du traitement de l'information Devenu incapable de traiter les informations qu'il reçoit, le sujet anxieux ne peut plus agir (interruption des " plans d'actions "). L'anxiété est considérée comme secondaire à l'inhibition. Il y aurait ainsi l'acquisition d'une vulnérabilité psychologique avec peu à peu, au gré des événements de vie négatifs des réactions émotionnelles de plus en plus autonomes de moins en moins adaptées, de plus en plus intenses, susceptibles de déclencher une alarme neurobiologique à la moindre stimulation extérieure. |
Théorie psychanalytique de l'angoisse Freud a élaboré successivement deux théories de l'angoisse |
C. TROUBLE PANIQUE ET AGORAPHOBIE :
Le trouble panique : est individualisé depuis une période récente (1962). Il consiste en la répétition de crises aiguës d'angoisse ou attaques de panique. L'attaque survient sans prévenir, sans circonstance déclenchante particulière. Elle dure moins d'une heure, le plus souvent une dizaine de minutes tout au plus. Les signes somatiques d'anxiété sont au premier plan. Le vécu subjectif est extrêmement pénible, le patient a peur de mourir ou de devenir fou.
L'agoraphobie : se définit comme une " crainte de se retrouver dans des endroits ou des situations d'où il pourrait être difficile de s'échapper ou dans lesquels on ne pourrait pas trouver de secours en cas de survenue brutale de symptômes ".
Les conséquences en sont une diminution progressive du périmètre d'autonomie, une limitation des déplacements ou un besoin d'être accompagné. Les situations génératrices d'agoraphobie correspondent habituellement au fait de se retrouver seul, en dehors de son domicile, d'être dans une foule ou dans une file d'attente, sur un pont ou dans un moyen de locomotion.
En fait, l'agoraphobie peut être considérée comme la peur d'avoir peur. Peur d'avoir une attaque de panique, peur de l'insécurité, de la non-maîtrise de la situation et de la perte de contrôle.
D. LE TROUBLE ANXIEUX GENERALISE :
C'est la forme d'anxiété qui a été parfaitement décrite il y a plus d'un siècle par Freud sous le terme de névrose d'angoisse. Il existe un fond permanent d'anxiété d'intensité modérée, souvent émaillé de crises aiguës d'angoisse. Assez fréquent, il concerne deux fois plus souvent les femmes que les hommes. Seulement 10% des patients souffrant de ce trouble consultent.
En fait, il s'agit d'un concept encore assez flou, aux critères peu précis, probablement hétérogène.
Il semble y avoir une nature hétérogène de l'anxiété :
Anxiété 1 --------> Attaque de panique (réponse aux antidépresseurs)
Anxiété 2 --------> Anxiété généralisée( réponse aux anxiolytiques)
EPIDEMIOLOGIE DES TROUBLES ANXIEUX :
Prévalence entre 2 et 3% pour le trouble panique ( > 2 chez la femme) ; de 3,5% pour l'agoraphobie ; de 5% pour le TAG.
EVOLUTION ET PRONOSTIC :
L'évolution du trouble panique et de l'agoraphobie est le plus souvent chronique ; plus de deux tiers des patients demeurant symptomatiques après 2 ans d'évolution.
Malgré un certain degré d'amélioration symptomatique 60 % des malades sont encore suivis après 6 ans d'évolution. Le handicap psychosocial est marqué avec une surconsommation de soins, des explorations médicales et des traitements inadaptés.
Importance de la nécessité d'un diagnostic précoce et d'une stratégie
thérapeutique efficace.
Comorbidité : Un syndrome dépressif majeur survient dans près de la moitié des cas. Les conduites suicidaires sont largement présentes pendant la maladie, retrouvées dans 20 à 40 % des cas. Le risque est majoré en cas de dépression associée dont il ne dépend pas exclusivement, le taux de suicide chez les paniqueurs non déprimés étant comparable à celui observé chez des déprimés.
E. LA PHOBIE SOCIALE :
Définie par la peur persistante de situations sociales dans lesquelles le sujet est exposé à l'observation d'autrui et dans lesquelles il craint d'agir de façon humiliante et embarrassante.
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EPIDEMIOLOGIE :
La phobie sociale est une des pathologies mentales les plus répandues. Sa prévalence vie entière est probablement plus élevée que celle de la dépression. Les études plus récentes suggèrent une prévalence de l'ordre de 14%.
Dans la plupart des études, le sex. ratio est à peu près équilibré entre hommes et femmes. Cette répartition différencie la phobie sociale des autres troubles phobiques, où les femmes sont sur représentées.
La comorbidité : Les pathologies les plus fréquemment associées sont la dépression majeure (68%), l'agoraphobie (45 %), mais aussi l'abus et la dépendance à l'alcool (19 %, et même 40% dans certaines études) et la toxicomanie (13 %).
Cette comorbidité, souvent au premier plan de la symptomatologie, masque volontiers le trouble causal et contribue ainsi, par manque de stratégie thérapeutique appropriée, à le chroniciser. Ceci pourrait être particulièrement vrai pour l'alcoolisation. La chronologie est caractéristique : phobie sociale, suivie de dépression, puis compliquée d'alcoolisme.
Malgré sa fréquence et en dépit du handicap social dont cette affection est grevée, moins d'un quart des patients reçoit un traitement approprié.
F. LES TROUBLES OBSESSIONNELS ET COMPULSIFS :
1) ÉPIDEMIOLOGIE :
Si le TOC a longtemps été considéré comme une maladie mentale rare, avec une fréquence située autour de 0,05 %, les études actuelles révèlent une fréquence du trouble 50 à 100 fois plus élevée.
On trouve actuellement une prévalence de 2 à 3 % si l'on considère la vie entière.
Ainsi, les TOC se situeraient actuellement au quatrième rang en terme de prévalence des maladies mentales derrière les phobies, les toxicomanies et les troubles thymiques.
Prévalence en population psychiatrique 16,8 % présenteraient un syndrome obsessionnel-compulsif.
2) SYMPTOMATOLOGIE :
Les T.O.C. se divisent en obsessions et compulsions.
Les obsessions sont des idées, pensées, impulsions récurrentes et persistantes, éprouvées comme absurdes, involontaires, mais faisant irruption dans la conscience. Le sujet fait des efforts pour ignorer, réprimer, neutraliser ces pensées.
Leurs thèmes concernent souvent la saleté, la contamination, les maladies, la souffrance et la mort ; très fréquemment le sentiment de responsabilité vis-à-vis d'un accident ou de la mort par peur de perdre le contrôle de soi ( ex phobies d'impulsion).
Les compulsions sont des actes répétitifs, ritualisés et intentionnels, se déroulant selon un rite particulier, que le sujet accomplit dans le but de diminuer l'angoisse, ce qui amène pour lui- même et son environnement un véritable parasitage du quotidien.
3) FORMES CLINIQUES : Quatre formes majeures sont décrites : - Les laveurs (rituels de lavage avec obsessions phobiques de contamination ou de souillure). - Les vérificateurs (obsessions de doute et d'indécision avec des compulsions de vérification). - Les obsessionnels-impulsifs (obsessions impulsives avec lutte anxieuse compulsive à type de répétition). - Le syndrome de lenteur primaire (lenteur excessive dans les activités quotidiennes). |
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4) EVOLUTION :
80% des patients présenteraient une évolution chronique Actuellement on note une amélioration clinique importante chez 60 % des patients traités par IRS sélectif ou non. Posologie souvent très élevée, au-dessus des doses antidépressives. Réduction des symptômes à partir de 8 à 12 semaines.
Mais les études sur le suivi à long terme indiqueraient un diagnostic
tardif et des thérapeutiques mal adaptées.
Comorbidité : TOC et éléments psychotiques :10% (suspecter un TB) ; Schizophrénie et TOC 20 à 25% ; Trouble anxieux
:20% en moyenne ( phobies) ; Troubles dépressifs 30%( suspecter un TB).
5) MODELE PSYCHOBIOLOGIQUE :
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G. LES PATHOLOGIES ANXIEUSES A HANDICAP MOINS SEVERE :
Bibliographie :