LA RELATION THÉRAPEUTIQUE

 

A. NIVEAU D'AIDE PSYCHOLOGIQUE :

1) Niveau 1 :
Il recouvre ce que l'on peut appeler l'aide psychologique de la vie courante . Les relations humaines peuvent être, selon les cas et les circonstances, bénéfiques ou cause de souffrance. L'élaboration du deuil dans le cadre culturel, grâce aux différentes possibilités de soutien offertes par la communauté en est une illustration. On sait par ailleurs que le risque suicidaire chez un dépressif est d' autant plus important qu' il manque de soutien social. 
Ce sont ces relations familiales, amicales et sociales de la vie quotidienne qui représente cette aide psychologique ; Elles correspondent aux les 40 % d'apparentes améliorations spontanées évaluées parmi les résultats des psychothérapies.

2) Niveau 2 : 
Il désigne un processus relationnel inscrit dans un cadre spécifique mais qui correspond à un but différent du changement psychologique. 
Ainsi, la médecine a pour objet essentiellement l'abord du corps dans ses perturbations physiologiques. On déplore profondément les effets réducteurs de l'évolution technologique qui conduit à occulter l'importante dimension psychologique. On en tiendra pour preuve l'importance de la part des troubles psychiques dans la demande exprimée sous un mode d'apparence somatique. L'exemple de l'effet placebo illustre parfaitement ces effets psychologiques qui doublent, dans son ombre, la pratique médicale.
De leur méconnaissance, il peut en résulter des quiproquos ou des effets de confusion dommageables (abus de prescription de tranquillisants, multiplication des examens para cliniques inutiles…).

3) Niveau 3 :
Il regroupe l'ensemble des psychothérapies spécifiques. Elles sont classées selon différents critères tels que le mode de communication (psychothérapies verbales et non verbales), le nombre de protagonistes (individuelles ou de groupe), la théorie de référence (psychanalytique, systémique, gestaltiste, analyse transactionnelle, comportementale, cognitive, etc.) l'auteur de référence (freudienne, rogérienne, etc.), leur durée (prolongée ou brève, etc.).
Le problème qui se pose pourtant est celui de la prolifération de ces techniques (quatre cents techniques inventoriées) et donc du choix, des indications ainsi que ceux de la formation.

4) Niveau 4 :
Devant la multiplication des psychothérapies, on assiste actuellement à une réaction qui conduit à une approche des psychothérapies plus intégratives.
Ce sont les résultats de la recherche scientifique sur les techniques psychothérapiques qui ont amené progressivement des chercheurs au constat de l'existence de facteurs communs dans les psychothérapies. En effet, ces facteurs communs représenteraient 30 % des effets thérapeutiques, soit le double des effets attribués aux facteurs spécifiques (15 %) produits par ces techniques.
Facteurs communs aux psychothérapies : 
        - les méthodes qui accroissent la motivation et les attentes d'aide du patient ;
        - l'augmentation du sentiment de maîtrise et d'efficacité personnelle ;
        - l'affrontement (exposition) à de nouvelles expériences d'apprentissage ;
        - l'expression des émotions ;
        - l'opportunité de pratiquer des nouveaux comportements.

Pourcentage d'amélioration en psychothérapie

B. LA RELATION PATIENT-SOIGNANT. L'ALLIANCE :

La première étape d'une psychothérapie consiste à établir une alliance thérapeutique avec le patient. Le but de l'interaction initiale est de développer un sentiment positif par l'empathie, la chaleur, la préoccupation authentique et un regard positif inconditionnel vis-à-vis de lui. Le second objectif est de transmettre le sentiment que le thérapeute est une personne compétente, digne de confiance, avec qui il sera possible de se découvrir et de former un lien en toute sécurité.
L'alliance thérapeutique implique deux facteurs : 
- le patient vit son thérapeute comme lui apportant aide et soutien (un facteur affectif, le lien relationnel).
- il a le sentiment d'un travail en commun, d'une coopération avec lui (un facteur cognitif et de motivation, l' alliance de travail).

Il semble bien que ces facteurs, à la fois relationnels et techniques, soient peu dissociables en clinique.
L'importance du lien psychothérapique permet de mieux comprendre pourquoi les patients les plus perturbés doivent souvent passer beaucoup de temps à construire progressivement leurs liens relationnels et à les éprouver jusqu'à ce qu'ils soient ressentis comme suffisamment solides pour pouvoir accepter les interventions du psychothérapeute.

Les habitudes du poisson sont plus importantes que les outils du pêcheur

 

C. LA RELATION THERAPEUTIQUE :

Les techniques de base (relance, reflet,...) sont des habiletés, des savoir-faire.
Les attitudes de base (empathie,...) constituent des dispositions relationnelles, des modalités de présence, des façons d'être avec le patient. 
On utilise de manière assez automatique ces techniques et ces attitudes mais le thérapeute doit savoir adapter son style relationnel et ses interventions techniques en fonction des caractéristiques du patient. 

I. TECHNIQUES DE BASE :FACON DE FAIRE AVEC LE PATIENT :

L'écoute attentive constitue les fondements essentiels de l'établissement de la relation thérapeutique. Faire attention, être tendu vers, suppose écouter avec tout son corps et implique aussi de communiquer son état d'attention au patient. C'est l' écoute non verbale .

L'écoute compréhensive recourt à l'emploi de techniques plus complexes, appelées aptitudes de relance et aptitudes de reflet.

1) L'ECOUTE NON VERBALE :

a. L'aptitude à l'attention :
Il s'agit ici de manifester de l'attention (sous forme principalement non verbale) pour que le patient perçoive l'intérêt du thérapeute.

b. Maintenir le contact oculaire :
Le contact oculaire est le premier et plus important indicateur d'écoute et d'implication. Un contact oculaire trop fixe peut être déconcertant et doit être interrompu de manière naturelle et intermittente.

c. Maintenir une distance physique adéquate :
La distance peut varier, mais face à face elle est habituellement de 1,50 m, à moduler selon l'effet que l'on veut obtenir. Ne pas oublier de se mettre à la même hauteur physique que le patient. 

d. La posture :
On doit aboutir à une posture d'implication. C'est une attitude détendue qui communique implicitement le message suivant : " Je suis à l'aise avec moi-même, et j'ai du temps pour vous écouter ". Le soignant qui se vautrerait sur son siège pourrait renvoyer un message d'implication insuffisante, voire de négligence. Se pencher légèrement en avant lors des moments importants ou chargés émotionnellement traduit l'intérêt et la volonté de venir en aide. Une posture ouverte sans bras ni jambes croisées semble encourager un comportement moins défensif chez le patient.

e. Les gestes et l'expression faciale :
L'expression faciale peut être modérément réactive aux émotions du patient, montrant ainsi l'attention du thérapeute. Certains gestes peuvent distraire le patient. Se ronger les ongles, tapoter des doigts, jouer avec un stylo, changer fréquemment de position peuvent être des comportements interprétés par le patient comme traduisant de l'anxiété, de l'impatience ou du désintérêt.

f. Toucher le patient :
Le toucher peut constituer un puissant vecteur relationnel et émotionnel. Mais pas n'importe quel toucher, pas chez n'importe quel patient, ni à n'importe quel moment.

2) L'ECOUTE COMPREHENSIVE :

C'est une écoute qui utilise les aptitudes de relance et de reflet. Elle aide le patient à se sentir libre de parler de lui, dans une ambiance non coercitive, sans manipulation ni jeu.

1. LES APTITUDES A LA RELANCE :

a) Les invitations :

Comme son nom l'indique, il s'agit d'une invitation à parler. Elle signale la disponibilité de la part de celui qui écoute. C'est habituellement une réponse positive qui est faite durant la phase initiale de contact. Elle peut inclure des observations de la part du thérapeute :

Je vois que vous êtes en train de lire l'Equipe (observation). Vous vous intéressez à un sport en particulier ?

J'ai l'impression que vous êtes abattue ce matin (observation).Vous avez mal dormi cette nuit?

Vous avez l'air préoccupez aujourd'hui. Qu'avez-vous à l'esprit ? .

b) Les encouragements minimaux :
Ce sont des réponses verbales très brèves, qui communiquent l'intérêt et l'implication, mais qui laissent le patient déterminer la direction de la conversation. Elles communiquent simplement le fait que celui qui écoute suit bien. Elles sont souvent accompagnées d'un hochement approbateur de la tête. Des exemples en sont :
- Je vois. 
- Oui. 
- D'accord.
- Je vous suis. 
- Je comprends.

c) Les questions ouvertes :
Il y a deux types de questions, ouvertes et fermées. 
Les questions fermées demandent une information spécifique et entraînent généralement une réponse brève (souvent oui ou non). 
Les questions ouvertes permettent plus de liberté dans l'expression. 
Elles permettent un questionnement moins fréquent, interrompant moins le processus d'écoute et respectant le besoin naturel du patient de raconter ses histoires ou d'expliquer sa vie, surtout au tout début. 
Fermée : 
S : Vous entendez-vous bien avec votre fille ces temps-ci ? 
P : Oui, assez bien.
Ouverte :
S : Pouvez-vous me dire comment vous et votre fille avez-vous décidé de votre placement à la maison de retraite
P : Et bien, en fait, on n'en a pas beaucoup parlé. Elle m'a dit qu'il fallait…. C'est un sujet de dispute …et j'ai peur qu'elle ne vienne plus me voir.

Fermée :
S : Êtes-vous mariée ? 
P : Non, je suis veuve.
Ouverte :
S : Pouvez-vous me parler de vos relations personnelles durant ces dernières années ?
P : Ben… j'ai perdu mon mari il y a six mois. Cela faisait 37 ans que nous étions mariés quand …(silence)…il est mort. Depuis je n'arrive pas à m'y faire, je n'ai plus de courage.
Les exemples ci-dessus montrent que les questions ouvertes sollicitent plus d'information tout en reconnaissant, en même temps, le droit du patient à ne pas répondre. En fait, les questions ouvertes sont formulées de manière à éviter de donner le sentiment au patient d'être interrogé : Comment est-ce que cela vous touche ?Pourriez-vous me donner plus d'informations ? Vous pourriez me préciser ? .

d) Le silence attentif :
En laissant systématiquement 2 à 3 secondes de silence après la fin des phrases du patient avant de reprendre lui-même la parole (ce qui induira souvent des précisions et des relances spontanées de la part de son interlocuteur). Permettre l'existence de moments de silence procure un temps de réflexion au patient et au thérapeute. Le silence est souvent la réponse la plus appropriée à la révélation de pertes. Dans ce dernier cas, les mots semblent en quelque sorte dénier la validité du deuil de la personne ou peuvent être perçus comme une tentative de réprimer les émotions. Il vaut bien mieux que le thérapeute se retire dans un silence attentif de manière à être présent sans interférer. Le silence est surtout efficace pour inciter le patient à se découvrir.

Exemple: 
Odile est une femme de 69 ans dépressive, anxieuse, s'exprimant parfois difficilement, qui vient d'arriver à la maison de retraite. Après avoir rempli le dossier infirmier, le soignant remarque que la patiente prend un stylo et le manipule nerveusement, en baissant les yeux sans rien dire... (communications non-verbales). 

S : Vous souhaitez me parler d'autre chose? (question fermée). 
P : Euh... Non, non, rien de particulier... 
S : Rien de particulier ? (reformulation).
Silence, la patiente baisse les yeux 
P : Ca peut attendre, ce n'est pas méchant... 
S : Ce n'est pas méchant, mais ç'est quoi ? (question ouverte). 
P : Oh, non, vraiment, ce n'est rien... 
S : Vous pouvez m'en dire un peu plus ... Il y a un problème, c'est quoi ? (question ouverte).
La patiente se tait et rougit
S : Je suis un peu ennuyé... J'ai l'impression que quelque chose vous tracasse... " (méta-communication). 
Silence 
S : Est-ce que je me trompe ? (question fermée).
P : Eh bien... 
La patiente soupire et jette un regard anxieux. 
S : Ce sont des choses qui vous paraissent embarrassantes ? (question fermée). 
P : Oui, ça me gène beaucoup d'en parler. 
S : Je comprends très bien. Il s'agit de quelque chose de difficile... (expression d'empathie) Mais je souhaite que nous en parlions, si je peux vous aider à affronter ce problème (implication personnelle). 
P : Je vous remercie, mais ... comment dire... 
S : Est-ce que ça vous ennuie que je vous pose toutes ces questions?
(question fermée). 
P : Non, mais c'est trop difficile pour moi aujourd'hui. Je viens d'arriver, je vous promets que je vous en parlerai. 
S : Bien, je ne veux pas vous contraindre. Je souhaite vraiment que nous puisions parler de ce qui semble vous faire souffrir (implication personnelle ) Sachez que je suis à votre disposition: vous voulez revenir me voir quand vous voulez. (choix laissé a la patiente).

2. LES APTITUDES AU REFLET :
Le terme de reflet signifie répéter au patient ses pensées ou sentiments avec des mots différents, d'une manière qui communique une réelle compréhension, en soulignant la signification profonde qu'il tente d'exprimer.
Le reflet possède quatre fonctions en thérapie :
- il fournit un moyen verbal de communiquer la compréhension, l'empathie..
- il agit comme un miroir qui permet à la personne de confirmer ou invalider l'impression qu'elle donne ;
- il stimule une exploration plus poussée de ce qui est expérimenté ; 
- il maintient la communication sur la bonne voie en clarifiant des préoccupations du patient.

a. La reformulation :
Cette technique reformule le message de base, dans les termes de celui qui écoute. Cette formulation en retour (feedback) se centre sur le contenu du message plus que sur les émotions de la personne et n'inclut pas une analyse de la part de celui qui l'a formulé. 
Elle est utilisée dans deux buts : premièrement, lever le sentiment de confusion que peut éprouver le thérapeute (clarification), et, deuxièmement, répéter certaines pensées, intentions qui étaient contenus dans les dires du patient.

P : J'ai pris trois médicaments venant de trois médecins différents. Bien sûr, j'ai arrêté d'en prendre deux tout de suite. Mais c'était avant l'opération et maintenant je prends aussi des antalgiques. Pensez -vous que je devrais arrêter de boire avec tous ces médicaments ?
S : Arrêtons-nous là un instant. En ce moment, vous prenez un médicament en plus des antalgiques et vous buvez aussi de l' alcool ? (clarification).

b. Le reflet des sentiments :
Cette technique est identique à la reformulation, sauf que, cette fois ci, l' accent est mis sur les sentiments plus que sur le contenu (pensées, idées et intentions). Le soignant y exprime dans ses propres mots une description des sentiments évoqués ou impliqués par les dires ou les comportements du patient. Cette technique possède plusieurs vertus.
Le patient devient plus facilement conscient de ses émotions liées à un sujet précis. 

S : Et vous êtes en colère contre votre fille ?
P : Oui ! je trouve ça injuste. 

Une telle réflexion étant faite de manière non évaluative, sans jugement aucun, elle communique une compréhension des sentiments colère, culpabilité, tristesse, alors que le patient pouvait croire qu' il n' était pas correct de les éprouver.
Le dernier aspect de cette technique est qu'elle a un pouvoir presque magique d'approfondissement de la relation. Rien ne peut mieux transmettre une compréhension sans jugement. Le soignant qui peut refléter de manière adéquate les sentiments peut fournir une relation de soutien et de compréhension sans aucun autre outil thérapeutique.

c. Le résumé :
Un résumé se focalise sur les points principaux évoqués dans le discours du patient, il récapitule le contenu, les sentiments et les significations et il souligne les thèmes qui ont sous-tendu l'entretien. Il rassure le patient sur le fait que le thérapeute a écouté, qu'il a été capable d'assimiler tout ce qui lui a été dit. 
Un résumé peut aussi proposer une transition pendant une séance pour marquer le passage à un autre thème de discussion.

Exemple : 
Reprenons le cas d'Odile qui a un lourd secret à porter dont elle essaye de parler. Elle est revenue une heure plus tard dans le bureau infirmier. 

P : Je ne sais pas comment commencer, c'est très compliqué à expliquer... 
S : Mmm ... Racontez-moi ça dans l'ordre où ça vous vient, je vous poserai des questions si j'ai besoin. Que se passe-t-il ? 
P : Eh bien voilà. C'est quelque chose qui me fait honte... 
Silence... 
S : Je trouve que vous êtes courageuse d'être revenue me voir et de vouloir aborder ce sujet qui paraît très douloureux pour vous (renforcement positif).
P : C'est que je me sens coupable... 
S : Vous vous sentez coupable ? (reformulation). 
P : C'est avec ma fille…
S : Oui, c'est à dire ? Que se passe-t-il avec votre fille ? (question ouverte). 
P : Eh bien, Je pense que ma fille m'a mis à la maison de retraite pour se venger. Je ne l'ai pas défendue contre son père quand elle était plus jeune.
S : Vous pouvez préciser ? (question ouverte).
P : Elle a subi des attouchements sexuels et j'ai laissé faire… 
S : Vous avez laissé faire ? C'est à dire ? (question ouverte).
P : Je voulais, mais je n'osais pas…Il buvait, il était violent…J'ai laissé faire et ma fille m'en veut.
Je comprends ce que vous pouvez ressentir (expression d'empathie) . mais êtes-vous sûre que votre fille vous en veut ? (question ouverte).
P : Je ne sais pas…mais j'ai peur qu'elle m'abandonne…
S : Précisez-moi…C'est bien votre fille qui est venue vous installer ? Elle m'a semblé très gentille avec vous, elle a dit qu 'elle reviendrait dans deux jours ?. Vous pensez qu'elle vous en veut , et qu'elle veut vous abandonner ? C'est bien ça ? (résumé).
P : Oui.
S : Est-ce que vous lui avez déjà parlé de cette peur d'être abandonnée ? (question fermée).
P : Non, je n'ose pas.
S : Etes-vous d'accord pour que nous en parlions avec elle lors de sa prochaine visite ? (question fermée).
P : D'accord.

 

II. ATTITUDES DE BASE : FACON D'ETRE AVEC LE PATIENT :

a. La considération positive inconditionnelle :

Cette attitude implique que le soignant accepte vraiment le sentiment qui traverse son patient à ce moment là : peur, confusion, douleur, orgueil, colère, haine, amour, courage ou terreur. Il l'apprécie dans sa totalité plutôt que d'une manière conditionnelle. Il ne se contente pas de l' accepter lorsqu' il a certains comportements pour ensuite le désapprouver lorsqu'il en a d'autres. Ce sentiment positif s'extériorise sans réserve ni jugements. La considération positive inconditionnelle est une manière d'être qui manifeste simplement " je vous porte attention ", et non pas " je vous porte attention à condition que vous vous comportiez de telle ou telle manière ".

b. Le degré d'authenticité du soignant :
Le thérapeute apparaît tel qu'il est, ses rapports avec son patient sont authentiques, sans masque ni façade, exprimant ouvertement les sentiments et les attitudes qui l'imprègnent. Plus le soignant sait écoute et accepte ce qui se passe en lui, plus il sait être la complexité de ses sentiments, sans crainte, plus haut sera son degré d'authenticité.

c. L'empathie :
C'est un concept central pour l'activité du psychothérapeute. Il réunit trois composantes :
        - comprendre le point de vue et les émotions de l' autre ;
        - faire éprouver cette compréhension ;
        - rester soi-même.
L'empathie est l'outil psychologique le plus important à la disposition du thérapeute. Sa mise en oeuvre est liée à l'écoute conçue comme une aptitude à s'immerger dans le monde d'un autre être humain ; à se permettre d'entrer en résonance avec les messages parlés ou non-dits et à être conscient de ses propres sentiments. Quand le monde intérieur du patient est ainsi clair pour le thérapeute, et qu' il s' y meut aisément, il peut aussi bien lui faire appréhender ce qu'il en a compris, que lui proposer des formulations de pensées qui émergent à peine à sa conscience. L'empathie thérapeutique dépasse donc la sympathie qui fait partie de toute relation humaine.

 

C'est un processus intuitif qui peut être guidé par les règles suivantes

I. Aussi souvent que possible, laissez l'initiative au patient. Permettez-lui d'explorer, de poursuivre ses propres pistes, et de faire ses         propres découvertes.
II. Continuez à écouter jusqu'à ce que vous ayez une conviction raisonnable que vous comprenez ce que le patient essaie de vous communiquer. Posez des questions et interrogez-vous à voix haute dans un effort pour clarifier les communications du patient. 
III. Mettez-vous à l'écoute du thème prédominant. Si aucun thème ne semble émerger, vous pouvez vous trouver dans l'embarras, il peut être approprié de l'exprimer. Ne vous engagez pas dans des constructions tirées par les cheveux. Apprenez à être à l'aise en reconnaissant que vous êtes perdu.
IV. Restez concentré et orienté sur un objectif mais gardez une attitude décontractée. La psychothérapie est une affaire certes sérieuse mais pas nécessairement triste. Un zeste d'humour occasionnel peut la rendre moins lourde et faciliter la collaboration.
V. Soyez économe de vos interventions sans pour autant parler par monosyllabes. Des formulations significatives à des intervalles relativement rares ont plus d'impact qu'un continuel bavardage. Utilisez un langage simple, non technique: En générai, retenez-vous d'essayer de faire passer votre point de vue. Évitez d'énoncer des dogmes.
VI. Si à un moment donné, vous n'arrivez pas à entrer en contact avec le patient, évitez de questionner dans le même sens. Revenez en arrière et essayez de comprendre les raisons de son inattention ou de sa résistance, puis essayez de l'impliquer dans l'examen de ce qui est en train de se passer.(méta communication). 
VII. Soyez empathique avec les difficultés du malade, même si vous sentez que votre patience est sérieusement mise à l'épreuve. La patience est l'une des qualités les plus importantes du bon psychothérapeute. 
VIII. Prenez soin de renforcer l'estime de soi du patient (renforcement positif); de même, ne faites jamais de commentaires qui puissent avoir pour effet de la diminuer. Soyez attentif aux occasions où il peut entendre vos manifestations comme des critiques, du mépris, ou des exhortations.
IX. Soyez attentifs à ne pas être attiré dans des luttes de pouvoir. Plus généralement, restez attentif à la pression exercée par les rôles que le patient va involontairement vous assigner. En tant que participant, vous ne pouvez totalement éviter d'être impliqué dans des prescriptions de rôle, mais elles doivent être clarifiées en temps utile.
X. Faites bien passer le message que 1'aide la plus valable que vous puissiez apporter est de participer au monde intérieur du patient, en identifiant 1es scénarios qu'il met en acte et en clarifiant des processus apparemment complexes. Les patients vont souvent exiger plus de vous ou se plaindre que ce que vous donnez n'est pas assez. Acceptez ces plaintes avec compréhension, sans vous en laisser atteindre et restez ferme.
XI. Méfiez-vous des interventions qui sont basées sur des sentiments intenses (positifs ou négatifs) de votre part ; il y a des chances que de telles interventions soient dirigées par vos propres besoins plutôt que par ceux du patient.
XII. Si vous êtes fatigué ou si vous n'êtes pas en bonne forme, il peut être approprié de le dire franchement.

 

 

III. LE TRANSFERT ET LE CONTRE TRANSFERT :

a. Le transfert :
Le transfert consiste en la réactivation des relations significatives de l'enfance projetées sur la personne du soignant. Ainsi, les rapports à autrui du passé sont revécus comme un rapport réel au soignant. Un transfert positif ne doit généralement pas faire l'objet d'une intervention.
Le transfert doit être pris en compte lorsque celui-ci provoque des perturbations (non-adhésion au soin, lutte de pouvoir, etc.
La technique d'aménagement des réactions transférentielles se base sur les principes du 
réajustement : information, correction des malentendus, régulation de la distance entre le patient et le soignant.

b. Le contre-transfert (contre-attitude) :
Le contre-transfert est le nom donné aux réactions émotionnelles intenses ressenties vis-à-vis du patient, lorsque celles-ci amènent le soignant à répondre à ses propres besoins plutôt qu'à ceux de son patient.
- La tendance à intervenir avant d' avoir réfléchi ou compris suffisamment vient souvent de ce que le thérapeute s'est laissé prendre par ses échanges avec le patient, si bien qu'il n'a plus le détachement nécessaire à la réflexion et à l'analyse dont ces échanges doivent faire l'objet.
- La contagion d'humeur. Par exemple, si le patient est déprimé, le thérapeute l'est aussi ; si le patient est heureux, le thérapeute l'est aussi, et ainsi de suite. S'il est conscient de l'existence de ce phénomène en psychothérapie, le thérapeute sera en mesure de préserver sa sérénité et d'éviter de partager systématiquement les états émotifs du patient. 
- Un autre type de type de réaction se produit lorsque le soignant se comporte d'une façon qui confirme les craintes du patient. Par exemple, si le patient manifeste la crainte d'être rejeté par les autres, il est possible que le soignant adopte inconsciemment un comportement rejetant. Il semble que le patient fasse quelque chose qui stimule une telle réaction, mais d'une manière suffisamment subtile pour passer inaperçue dans un premier temps.
- Il arrive qu'un soignant se sente frustré (sentiment de rejet, agressivité, sentiment d'impuissance) par l'incapacité à établir un contact empathique avec son patient. Il lui faut alors être très attentif à ses mouvements affectifs. Dans ce cas, il peut s'avérer utile de réfléchir pour déterminer le problème empêchant un tel contact : prendre du recul et considérer sa réaction affective objectivement ; identifier l'état affectif du patient ; apprécier l'importance du message du patient. 
- Des sentiments de colère ou de frustration du thérapeute peuvent venir d'attentes ou de règles implicites vis-à-vis du patient. Certaines de ces règles (il faut que, il devrait ) produisant la colère sont directement liées au contre-transfert :Le patient devrait essayer d'aller mieux ; ne devrait pas devenir dépendant ; Il devrait apprécier les efforts du soignant. 

c. Le Burnout :
Le burnout correspond à la perte du plaisir ou d'une signification personnelle à exercer sa fonction soignante. Ce syndrome, qui comporte des manifestations physiques (fatigue, irritabilité, insomnie, dysphorie, cynisme et manque de curiosité), peut être lié au système (charge de travail trop élevée, problèmes administratifs), mais peut aussi être plus spécifiquement relié au contenu du travail.
Si l'on prend le travail avec les patients âgés, dépressifs ou déments, les réactions suivantes peuvent conduire à l'épuisement thérapeutique : dévalorisation des patients ; surévaluation de son action puis déception ; attribution du manque de progrès au patient ; difficultés à entrer en empathie avec le désespoir.

 

Bibliographie :